Des ingrédients fondamentaux composent la réussite de ce concentré d'émotions : un texte écrit sur mesure pour 2 comédiens, une écriture limpide et bouleversante de simplicité, un espace aussi pur qu'une chambre d'amour devenue prison. Il est question de leur séparation. Au-delà d'un déchirement, la pièce cherche dans cet espace vide les raisons de l'amour et du désamour, les blessures auxquelles renvoie la souffrance de la séparation, les nouvelles blessures qu'elle provoque, dans des élans destructeurs. Le flot des mots de l'un vers l'autre est sans répit, brutal.

Lui, Stanislas Nordey, étale implacablement la dépouille de l'amour pour entamer son autopsie. Elle, sublimée par Audrey Bonnet, résiste aux coups portés, acceptant la rupture mais refusant l'effacement. Féminin et masculin redessinent le territoire de cette fin dans laquelle chacun se débat à sa façon. Dans cette forteresse assiégée par les mots, Pascal Rambert conduit les acteurs dans un exercice délicat, souligné de gestes et d'objets symboliques, laissant les silences faire place aux corps, aux souffles, à 2 êtres emportés par leur douleur, balançant entre la frontière de l'abîme et la lisière d'une vie nouvelle. Ils atteignent un rare niveau de grâce et d'émotion devant lequel on retient son souffle.